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Projets et paysages

2 février 2008

Liberté dans la plaine agricole du Haouz

Oued_Analyse_plaine

L’Office de Mise en Valeur Agricole du Haouz est chargé de promouvoir le développement agricole dans la plaine du Haouz. Cette région est spécialisée dans la production de l’olivier (30% de la production nationale), de l’abricotier (50% de la production nationale), dans l’élevage (30% de la production laitière nationale), dans les cultures primeurs alliant la précocité à la qualité (raisin primeur, pêcheur primeur, melon primeur, pomme de terre primeur, haricot vert primeur et rosier).

Le climat de la région (semi-aride) nécessite depuis toujours le développement de l’hydraulique. Pour répondre aux besoin d'eau des jardins et des cultures, il existe différents systèmes :

  • l’exploitation de la nappe phréatique avec les khetarras, les puits et aujourd’hui avec des forages
  • la dérivation et conduite de l’eau des oueds avec des canaux comme les séguias.

Oued_Analyse_plaine_seguiaOued_Analyse_plaine_canal
A Gauche : une séguia
Ci-dessus : le canal de la rocade

Beaucoup plus tard, la construction des grands barrages a marqué l’histoire de l’eau au Maroc. On compte 3 grands barrages dans la région du Haouz. Aujourd’hui, la superficie irriguée représente 311 000 hectares, l’eau provenant de différents systèmes : barrage (146 000 ha), pompage (59 326 ha), irrigation traditionnelle (39 370 ha), épandage d’eaux de crue (64 044 ha), sources (2 260 ha).

L’oued Issil étant temporaire, il n’est pas une ressource en eau constante et fiable pour l’irrigation.

Oued_Analyse_plaine2       

Les paysages qu’il parcourt sont variés. On traverse des douars qui exploitent les ressources en eau, avec les techniques traditionnelles, pour les cultures ou les besoins de la maison. Sur les berges de l’oued, on découvre des petites parcelles en culture, des oliveraies bordées de haies sèches, Oued_Analyse_plaine_culturemais aussi une végétation qui semble spontanée et qui correspondrait aux étages Thermoméditerranéen et Inframéditerranéen. On rencontre des Acacias et le caractéristique Laurier rose qui couvre parfois complétement les berges des oueds permanents.

L’oued se resserre parfois et la végétation arbustive et arborée nous entoure puis il s’ouvre à nouveau etOued_Analyse_plaine_erosion notre regard se porte au loin vers les cultures et les douars. L’absence de l’eau permet d’observer ses flancs et l’on prend finalement encore plus conscience de la force d’une crue. Elle charrie des éléments grossiers qu’elle dépose dans le fond de l’oued et creuse la berge qui s’effondre si aucune végétation ne la stabilise.

La pente générale de la plaine autour de Marrakech est de l’ordre de 1% (voir carte de l'article "l'oued Issil, de sa source à sa confluence"). Une étude récente montre qu’il est difficile d’envisager de créer un barrage dans la plaine afin de retenir l’eau en amont de Marrakech car les pentes sont trop faibles et le coût des travaux serait très élevé.

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1 février 2008

Naitre dans le Haut Atlas

Oued_Analyse_Atlas L'oued Issil prend sa source dans l'Atlas. La moitié du bassin versant est située dans la plaine du Haouz avec une altitude entre 450 et 800m. L’autre moitié s’étend en montagne où un point culmine à 2 300m. Sa superficie est de 342 km2.

Le climat de la région est de type semi-aride en zone continentale, avec des amplitudes thermiques importantes entre l’hiver et l’été (45° comme maxima et 5° comme minima). La pluviométrie moyenne varie entre 250 et 400 mm/an avec des variations importantes inter-annuelles et inter-saison. De violents orages éclatent pendant la saison froide, pouvant atteindre des hauteurs de pluie de 50 mm en une heure.

Oued_Analyse_Atlas_villageInstallées dans des villages accrochés aux flancs de la montagne, ces populations vivent dans des conditions difficiles liées à leur habitat précaire et au climat rude de l’Atlas. Leur besoin de bois pour se chauffer engendre une surexploitation de la forêt malgré l’interdiction de coupe de la Direction Régionale des Eaux et Forêts.


Oued_Analyse_Atlas_Chevre

Oued_Analyse_Atlas_erosionLes troupeaux qui pâturent ne facilitent pas non plus le développement de la végétation. Lors de gros orages, l’eau n’est ainsi pas retenue et les sols se dégradent. La partie montagneuse est constituée de formations détritiques du tertiaire et du quaternaire. Le sol est relativement imperméable. L’eau de pluie s’infiltre donc peu, elle ruisselle,
érode, ravine les sols de montagne, prend de la vitesse puis débouche dans la plaine. 

Le grand Atlas est couvert d’une végétation appartenant aux étages suivants, de la plus basse à la plus haute altitude : étages Mésoméditerrannéen, Supraméditerranéen, montagnard Méditerranéen et Oroméditerranéen. Ce sont principalement des forêts sclérophylles qui couvrent le territoire avec comme essences majeures: Quercus rotundifolia, Quercus suber, Quercus coccifera, Olea europea, Tetraclinis articula, Juniperus phoenicea, Pinus halepensis et Pinus pinaster var. maghrebiana.

Oued_Analyse_Atlas_mursLes problèmes de dégradation des sols de montagne ne sont pas inconnus. Certains ouvrages en pierre sont aménagés par la DREF (Direction des Eaux et Forêts) pour essayer de ralentir l’eau et limiter l’érosion des sols.

Comme en France, les institutions travaillent sur des secteurs bien particuliers : la Direction des Eaux et Forêts gère les forêts de l’Atlas, l’Office de Mise en valeur Agricole du Haouz étudie et améliore les espaces agricoles dans la plaine, l’Agence du bassin hydraulique du Tensift gère les oueds Issil et Tensift dans l’agglomération de Marrakech... Mais jusqu’à présent, il n’existe pas de projet sur le territoire de l’oued Issil qui réunisse les différentes compétences de ces institutions. Il manque un projet global prennant en compte l’ensemble des problématiques de la source de l’oued à sa confluence.

22 janvier 2008

Rencontre brutale avec la ville

Oued_carte_oued_et_ville_3L’exode rural que connait aujourd’hui le Maroc engendre l’arrivée de populations rurales en périphérie des grandes villes. La médina étant aujourd’hui surpeuplée, à l’est se développent des formes d’habitats précaires (douars). Il existe de manière générale une véritable pression foncière, les promoteurs achètent les terrains sur la rive Est de l’oued pour construire de nouveaux logements.


L’oued est un lieu de passage important pour les habitants des douars et des quartiers de la rive droite qui se rendent dans la médina, centre religieux et d’activités économiques. Il longe Marrakech sur environ 8 km. Sa caractéristique principale est le rythme irrégulier de ses débits.Temporaire, il ne coule dans Marrakech que lorsque la pluviométrie du bassin versant dépasse le seuil des 40 mm. Son rythme est étroitement lié au climat de Marrakech (240 à 400 mm/an) avec des orages violents atteignant 50 mm en une heure. La saison froide se déroule d’octobre à mai avec des périodes de forte pluie (en Novembre-Décembre et Mars-Avril) qui engendrent des crues plus exceptionnelles pouvant devenir catastrophiques lorsque les habitations sont installées dans le lit majeur de l’oued.

Le 27 avril 1982, une crue (débit 130 m3/s ) provoque la destruction d’une centaine d’habitations. D’autres crues importantes de la même importance ont été observées par les habitants du quartier Sidi Youssef Ben Ali en 1954, 1967 et 1971 puis en 1986, 1987, 1988, 1989. Le débit que peut véhiculer l’oued suite au curage de 1986 est de 110 m3/s. Nouvelle crue en 1994 : débit évalué à 70 m3/s. Dégâts : 8 logements effondrés, 75 menacés d’effondrement, et autres dégâts matériels divers.

Les berges de l’oued Issil sont naturelles, même lorsqu’il traverse la ville. Les eaux qui le parcourent érodent ses flancs et dessinent des courbes sinueuses. Sa profondeur et sa largeur varient tout au long de son parcours le rendant à certains endroits infranchissable sans la présence d’un pont tandis que plus loin, on descend à pied dans son lit mineur.

On observe une certaine concurrence entre l’oued et la ville. Les déchets rejettés par les habitants forment de nouvelles berges qui enserrent l’oued. Lorsque l’eau coule, à l’inverse elle érode ses berges et tente de retrouver l’espace dont elle a besoin pour circuler. Mais sa dynamique est différente des flux de déchets réguliers. Il peut ne pas y avoir d’eau pendant plusieurs années, puis une crue violente ne pouvant être évacuée provoquera des inondations considérables.

L'oued Issil continue sa route vers le nord jusqu'à l'oued Tensift.

12 janvier 2008

L'oued Issil, de sa source à sa confluence...

4_nivellement_ouedAu nord, l’oued Issil se jette dans l’oued Tensift.

L’oued traverse la ville. Large et peu profond au sud, il se rétrécit en remontant au nord. Ses berges deviennent des falaises abruptes et infranchissables. Au sud de la ville, l’oued s’étale. Des monticules de gravats s’accumulent de part et d’autre.

La plaine du Haouz s’étend au pied de l’Atlas. Parcourue par les oueds et les séguias, les espaces irrigués sont cultivés.

L’oued Issil prend sa source dans l’Atlas.

12 janvier 2008

Mais pourquoi ces inondations ?

L’oued Issil est un cours d’eau temporaire. Sans eau pendant plusieurs années, une crue peut engendrer une montée des eaux, rapide et dévastatrice. Les habitants de Marrakech utilisent l’oued comme une décharge. Cela accentue les risques d’inondation et c’est une pollution pour les habitants des douars installés sur les berges. On décharge les gravats, les remblais issus de travaux ou de la construction de logements. On dépose les ordures ménagères, les plastiques, le verre... Les populations des berges ont encore certains comportements ruraux. Certains déposent volontairement les ordures dans le lit de l’oued pour faire paître leurs troupeaux de moutons et de chèvre. Ces derniers se déplacent dans ces espaces au statut encore indéfini, empêchant toute végétation naturelle de s’installer.

oued_sud_moutons

oued_chevres

C’est aujourd’hui une relation à sens unique. La ville ne respecte pas l’oued mais le consomme sans ménagement. On construit toujours plus près, les activités et usages qui y sont pratiqués ne tiennent pas compte de cet oued et du rythme de ses crues. Marrakech a perdu la relation équilibrée qu’elle entretenait avec son territoire au cours des siècles précédents.

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12 janvier 2008

L'enjeu du développement urbain

Dev_urbain___SDirecteur_bisLe Maroc connaît un exode rural qui fait naître à la périphérie de la ville  des douars, formes d’habitats spontanés. Certains se sont développés en zone inondable. Les populations rurales s’installent donc sans autorisation dans des lieux parfois inadaptés. Mais aujourd’hui, ce sont les promoteurs qui convoitent les berges de l’oued Issil, probablement parce que ces terrains sont très bien placés, tout près de la médina, à un quart d’heure à pied de la place Jema El Fna. A l’ouest, la ville s’est étendue et les terrains disponibles sont plus excentrés. Au cours des années à venir se développera probablement une première auréole de banlieue.

L’agglomération abrite aujourd’hui dix fois plus d’habitants qu’au début du siècle (plus d’un million d’habitants). Face à la pression urbaine que connaît aujourd’hui ce territoire, la ville s’épanche dans le paysage, en quartiers distendus. La limite entre ville et campagne est floue.

Marrakech doit aujourd’hui prévoir et maîtriser son développement au risque de voir naître une banlieue densément peuplée, rapidement invivable et de perdre son succès touristique (1 119 453 visiteurs en 1999) dont la contribution économique est indispensable. Marrakech doit chercher un équilibre dans sa croissance pour ne pas voir disparaître ce qui la rend si particulière (son architecture, ses jardins, la palmeraie…) et assurer un cadre de vie agréable à ses habitants.

Dev_urbain_shema_bis2

Se pose alors la question de cet oued qui depuis des millénaires traverse cette plaine et voit aujourd’hui la ville l’englober. Hier frontière entre une cité et sa campagne, il appartiendra entièrement à la ville dans les années à venir. N’est ce pas l’occasion de créer une respiration dans l’agglomération ?

5 décembre 2007

Introduction

Ce blog est né d'une envie de partager des idées sur l'aménagement de notre territoire. Mes reflexions s'appuient sur un projet de paysage  : l'oued issil à Marrakech, site sur lequel j'ai travaillé à l'occasion de mon diplome de paysagiste à l'Ecole nationnale supérieure du paysage de Versailles en 2004-2005..

Au coeur des quartiers populaires, cet oued subit régulièrement des inondations et concentre une pollution considérable de déchets liquides et solides. Les habitants des berges subissent des risques réels dont ils sont pourtant directement ou indirectement responsables de part les activités qu'ils exercent.

Les seules motivations écologiques et esthétiques seraient déplacées sans une profonde volonté d'améliorer tout d'abord la condition des populations et leur garantir  le maintien de leurs activités, modestes sources de revenus.

Le projet prend ainsi forme avec l'aide des habitants, utilisant leurs activités comme moteur et les déchets comme matière première.

En 2006, j'obtiens une "Bourse Déclic Jeunes" pour travailler sur un film d'animation visant à expliquer ce projet et la démarche que je propose. J'espère alimenter prochainement ce blog et vous présenter les enjeux, le projet, l'avancement du travail sur le film....

Emilie Laplace,
Architecte paysagiste

3 décembre 2007

Les personnages du film

MehdiMehdi

Medhi est un petit garçon qui habite dans les quartiers populaires de Marrakech, non loin de l'oued Issil. Son rêve de vélo va l'entrainer dans un monde de déchets qu'il nous fera partager tout au long de l'histoire.




 







Les_Trieurs
Les Trieurs

Les trieurs parcourent l'oued à la recherche de déchets qu'ils

peuvent récupérer et vendre. Ils participent au cycle de "transformation" des déchets.



 


Le_Berger_et_ses_moutons

Le Berger et ses moutons

Le berger fait paitre ses moutons dans l'oued. Mais il y a plus de déchets dans l'oued que de plantes. Les moutons mangent beaucoup de plastique. Lorsque Medhi va le rencontrer, il va réaliser que les déchets peuvent être dangereux pour la santé des habitants.





 


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La Dame

Elle habite près de l'oued et a entendu parler de ce petit garçon. Alors elle vient lui apporter ses déchets... mais surtout, c'est elle qui va lui souffler l'idée d'une "monnaie d'échange verte", pour convaincre

encore plus d'habitants de venir apporter leur déchets et de cesser de les jeter n'importe où.

2 décembre 2007

Synopsis

Synopsis du film   le_film_copie_copie2

Mehdi est âgé d'une dizaine d'années. Il habite à Marrakech, dans les quartiers populaires, tout près de l'oued Issil. Il rêve d'avoir un vélo.... "tu auras un vélo... quand l'oued sera propre !" lui répond ironiquement son père. Alors Mehdi court jusqu'à l'oued et constate : les berges et le lit de l'oued sont jonchés de déchets divers, plastiques, métaux, déchets verts... il y en a partout. Alors Mehdi commence à nettoyer. Il va appréhender cet univers de déchets avec innocence et courage. Au cours de cette aventure, il va découvrir et nous faire découvrir les déchets avec un tout autre regard.

13 novembre 2007

L'Oued Issil en quelques mots et quelques images

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La sortie du souk, au nord de Marrakech /  Les nouvelles constructions sur les berges de l'oued

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Les déchets sur les berges et dans le lit de l'oued

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L'oued et son lit

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